Test: Metroid Dread: simple amuse-bouche pour patienter?

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Grande surprise du Nintendo Direct de l’E3 2021, Metroid Dread vient compléter la gamme des Metroid 2D en important la licence sur Nintendo Switch. Si Metroid II : Return of Samus a connu une seconde jeunesse sur Nintendo 3Ds avec le remake Metroid : Samus Returns, cela faisait bien longtemps que la licence n’avait pas eu droit à un vrai nouveau jeu en 2D… ou à vrai nouveau jeu tout court. Pour être plus exact, Nintendo confirme qu’il s’agit du « premier jeu Metroid 2D depuis presque 19 ans » .

Un sacré événement pour la saga qui devait revenir sur le devant de la scène avec le très retardé Metroid Prime 4. Si Metroid Dread reprend le nom d’un jeu officialisé en 2005, mais jamais sorti, seul le scénario subsiste. En effet, le développement de Metroid Dread sur Nintendo DS a été totalement abandonné et les développeurs ont repris le travail de zéro. Cela nous ferait presque croire en la sortie de Pikmin 4 ! A l’annonce du jeu, une question nous a traversé l’esprit: ce nouvel opus de la série principale de Metroid en 2.5D n’est-il pas un simple amuse-bouche pour patienter jusqu’à Metroid Prime 4? C’est ce que nous avons voulu découvrir à travers cet essai.

Les amateurs de Metroidvania et les fans de Samus Aran ont pu enfin poser leurs mains sur un nouvel opus de la licence, mais Metroid Dread a surtout attiré bon nombre de joueurs novices en la matière, pour ne pas dire totalement étrangers à ce genre vidéoludique. Il faut avouer que la console hybride de Nintendo a le don de populariser auprès du grand public des univers assez discrets. Animal Crossing en est un bon exemple. MercurySteam, studio en charge du développement, en a bien conscience, c’est pourquoi, il n’y a pas besoin d’avoir joué aux autres opus de la franchise pour comprendre le gameplay et le scénario de jeu.

Rôles inversés

Et puisqu’il est question de scénario, une fois n’est pas coutume, commençons par lui. Le jeu nous propose quelques explications écrites accompagnées d’illustrations légèrement animées. Dread étant la suite directe de Metroid Fusion, les événements de ce dernier y sont résumés. Le peuple Chozo, une ancienne et mystérieuse civilisation, avait créé les Métroides dans le but de lutter contre de dangereux parasites appelés « X ». Malheureusement, les créatures conçues pour éliminer les parasites X, se sont avérées être dangereuses pour toute la galaxie. Après moult péripéties contées dans Metroid, Metroid II : Return of Samus, Super Metroid et Metroid : Other M, Samus Aran vient à bout de cette espèce. En l’absence de prédateurs, les parasites X ont pu se développer de nouveau et représentent, eux aussi, une menace. Après avoir frôlé la mort en étant contaminé par un X, Samus Aran se voit greffée de l’ADN Metroide lui permettant de résister aux effets néfastes de ses ennemis.

Samus après avoir reçu une greffe d’ADN Métroide.

A la fin de Metroid Fusion, les parasites X sont totalement détruis. Cependant, ce qui semble être un parasite X à l’état sauvage aurait été aperçu sur la planète ZDR. Samus étant la seule personne immunisée, elle se rend sur place pour enquêter et faire le ménage si besoin. Mais tout ne va pas se passer comme prévu. La chasseuse de prime va vite devenir la proie dans les sous-sols labyrinthique d’une planète aux allures de piège. Si le contexte est posé d’emblée avec divers explications écrites et illustrations, l’histoire ne se dévoilera que petit à petit en laissant une grande part de mystère. Nos interactions avec l’intelligence artificielle du vaisseau au fur et à mesure de notre progression nous permettront d’en apprendre davantage grâce aux données récoltées dans les différents niveaux traversés et pendant les combats.

Néanmoins, la majeure partie du scénario nous sera dévoilée d’un coup. Il aurait été appréciable d’avoir plusieurs indices nous permettant « d’enquêter » avant que tout nous soit révélé. Malgré tout, la narration réservera quelques surprises de taille et justifiera chaque situation. Nous regretterons aussi le manque de cinématiques sur des moments importants, d’autant plus que les cinématiques présentes dans le jeu sont superbes. Même si l’univers sera accessible à tous, il faudra connaître un minimum l’histoire globale de la saga Metroid pour saisir toutes les subtilités de l’intrigue. Cependant, rien n’empêchera à un non-initié de comprendre les enjeux et la situation.

Les salles permettant de communiquer avec l’interface de votre vaisseau vous permettront d’avancer dans le scénario.

Toujours aussi bien accueilli

Vous vous retrouverez coincé dans les entrailles de la planète ZDR. Rejoindre votre vaisseau en surface sera la priorité mais le chemin sera parsemé de créatures hostiles que vous devrez combattre. Si la méthode barbare consistant à tirer dans tout les sens de façon frénétique en espérant que l’ennemi meurt avant vous fonctionne dans les phases d’exploration, elle n’est pas très amusante et se révélera inefficace face aux boss. Il est donc préférable de jouer de façon plus posée et réfléchie. En effet, le gameplay de Metroid Dread met en avant les contres. Si la plupart des créatures peuvent être vaincues sans avoir à contrer leurs attaques, certains boss vous obligeront à en user pour les battre.

Chaque créature possède une façon d’attaquer précise qui peut se découper en plusieurs petites phases. En premier lieu, le monstre vous repère et s’approche de vous, ensuite il va préparer son attaque via une petite animation où l’on peut distinguer un flash lumineux. C’est à ce moment là qu’il faut déclencher son contre car l’attaque sera très rapide. Le tout repose sur un timing assez précis. Si la créature vous touche, elle vous attaquera de nouveau. Sinon, elle sera sonnée un bref instant durant lequel vous pourrez contre-attaquer et faire beaucoup plus de dégâts qu’avec un simple coup. Tout est tiré à quatre épingles et nous reconnaissons bien là le savoir-faire de Nintendo. Le jeu est réglé comme du papier à musique et en devient presque rythmique. Dommage que l’accent soit mis sur l’ambiance et très peu sur la musique de fond. Cette dernière est quasiment absente.

Des contres très efficaces.

Modérément accessible

Traverser les niveaux devient plaisant et sert d’entraînement avant de rencontrer un boss. Par ailleurs, soyez curieux ! Si le jeu vous explique les différentes capacités que vous obtiendrez au cours de votre aventure, il ne mentionne pas les combos possibles et pourtant bien utiles. N’hésitez pas à tenter divers enchaînements pour voir ce qu’il est possible de faire. A la fin du jeu, vous disposerez d’un panel d’attaques et de contres très complets et très agréables à utiliser. Les touches sont intuitives et ne nécessitent aucunement des contorsions de la main pour se déplacer, attaquer ou se défendre. Derrière ce gameplay agréable, Metroid Dread se révèle exigeant. Le curseur de difficulté est formidablement bien réglé. Ainsi, le mode normal est assez difficile pour donner un réel challenge sans pour autant nous dégoûter. Les plus aguerris pourront se lancer dans le mode difficile qui change peut de choses en dehors des combats de boss plus ardus. Pour les moins à l’aise, une mise à jour gratuite propose un mode « Novice » pour rendre le jeu plus accessible.

Il est probable que votre première rencontre avec un boss se solde par un échec afin de comprendre ses attaques. Choses intéressantes, la façon d’attaquer des boss variera en fonction de la vitesse à laquelle vous lui infligerez des dégâts. Cela évite la redondance après plusieurs essais contre un même boss. Il faudra donc être vigilant en combat et ne pas se laisser avoir en anticipant l’attaque d’un boss qu’il ne fera peut-être pas. Les combats de boss peuvent aussi mélanger cinématiques et gameplay de façon très fluide et agréable. Mais prenez garde ! Une séquence cinématique ne veut pas dire que vous pouvez lâcher la manette ! Il vous faudra contrer certains coups ou continuer de tirer sur l’ennemi malgré tout. Ces phases sont aussi jolies que perturbantes. Nous nous sommes déjà fait avoir à plusieurs reprises sans savoir ce qui nous était demandé. De ce côté ci, le jeu n’indique rien, si ce n’est le petit flash pour savoir quand contrer. Nous en venons à ne plus savoir ce qui est réellement une cinématique ou une mise en scène en plein combat. L’idée de mettre en scène les combats de la sorte pour sortir du cadre la 2D est intéressante mais il faudrait mieux baliser la chose pour ne pas perdre le joueur. Il en va de même sur la façon de battre certains ennemis. Nous nous souvenons avoir mené un combat de plus de 20 minutes contre un boss en lui tirant dessus sans en voir le bout. L’essai suivant, nous sortions vainqueur en moins de sept minutes. La cause ? Une attaque que nous nous appliquions à esquiver devait être contrée pour passer à la phase suivante de l’ennemi. Malgré tout, les combats restent plaisants et le sentiment de victoire est gratifiant.

Même si cela ressemble à une cinématique, le combat continue!

Un bon enseignement

En effet, ce jeu est très punitif avec des ennemis qui peuvent nous causer beaucoup de dégâts pour une faute d’inattention ou un mauvais timing ; mais il se veut aussi très gratifiant. Si vous parez correctement les ennemis avant de contre-attaquer, alors vous obtiendrez beaucoup plus de ressources, comme de la vie ou des missiles, qu’en attaquant sans réfléchir. Il en va de même pour les boss, des combos bien réalisés et des prises de risques bien calculées seront plus efficaces qu’une multitude de coups sans enchaînement particulier. Cet aspect gratifiant s’additionne aux capacités que vous pouvez récupérer en chemin. Certaines ne seront accessibles qu’après avoir battu des ennemis en particulier. Vous pourrez donc explorer de nouvelles zones et découvrir de nouvelles ressources cachées. Des ressources qui pourront faire la différence en combat et qui récompense la curiosité. Curieux, vous devrez l’être en parcourant les niveaux. Que ce soit pour la quête principale ou pour récolter des barres de vie ou des missiles, les chemins ne seront pas nécessairement tracés. Il faudra utiliser sa logique et prêter attention aux décors. Parfois de simples détails seront des indices indiquant des blocs à détruire cachés pour vous permettent d’accéder à de nouvelles zones. N’hésitez pas à revenir sur vos pas si vous vous sentez coincés. Ce qui serait considéré comme un passage secret dans un jeu plus classique, est en fait le chemin principal dans Metroid Dread. Un passage qui peut se révéler assez peu intuitif par moment avec des indices bien trop maigres pour des actions que l’on ne pense pas réalisables.

Le jeu est très fluide mais les temps de chargement entre les différentes zones d’exploration sont assez longs.

Si cela peut grandement déstabiliser les joueurs non-habitués au genre du Metroidvania, sachez que tout est fait pour nous guider implicitement dans la bonne direction. Derrière ses airs de jeu non linéaire où le joueur choisi sa propre voie, tout est fait pour vous inciter à aller dans la seule direction possible. Même le fait de revenir sur ses pas après avoir obtenu une nouvelle capacité est en réalité prévu par le jeu. Nous avons été bluffés par cette maîtrise du level design et de l’anticipation de la réaction des joueurs. Quand nous pensions aller volontairement à l’opposé de ce qui était prévu, pour explorer les niveaux plus en profondeur, nous tombions sur un boss de la trame principale.

Optimisation aux petits oignons

Les niveaux sont biens pensés pour amener le joueur à les explorer de bout en bout, et la qualité graphique de cet opus permet, elle aussi, de nous diriger. Que ce soit par les lueurs et les jeux de lumière ou par la définition mettant en valeur certains détails, l’ambiance est immersive et nous guide implicitement vers certains endroits. Les décors sont beaux et donne une réelle sensation de profondeur. La licence fait un vrai bon en avant dans ce domaine. Malgré le fait que le jeu se passe la plupart du temps sous terre, les ambiances se révèlent très variées. Nous pouvons donc le dire : oui, Metroid Dread est joli, que ce soit en mode TV ou en mode portable. Il est aussi très fluide et fait honneur aux capacités techniques de la console. L’optimisation du jeu est à saluer. Etrangement, si nous ne voyons pas de différences particulièrement notables entre la Nintendo Switch et la Nintendo Switch OLED sur certains jeux comme Mario Kart 8 Deluxe ou Animal Crossing ; Metroid Dread, sorti le même jour que la version OLED, se révèle être nettement plus joli sur la dernière mouture de Big N que sur la version classique. Les couleurs sont biens plus flatteuses. Néanmoins, le jeu reste très beau peu importe le modèle de votre Switch.

Ce jeu sera aussi l’occasion d’en savoir un peu plus sur notre chasseuse de prime préférée.

Mais Metroid Dread n’est pas pour autant un jeu contemplatif, loin de là, car tout est fait pour maintenir le joueur sous une pression constante. Nous écrivions en début d’article que la chasseuse de prime devenait la proie. En anglais, Dread peut se traduire par Peur. La chasseuse est donc bien chassée ! Le jeu alterne entre combat de boss, phase d’exploration et phase d’infiltration. Lors de votre aventure, vous rencontrerez des robots envoyés par la Fédération Galactique pour enquêter sur la planète ZDR. Malheureusement, le contact a été perdu avec ces machines qui semblent être devenues hostiles envers Samus. Répondant au doux nom de E.M.M.I., ces êtres de métal invincibles quadrilleront certaines zones qu’il vous faudra traverser sans vous faire repérer. Si jamais un E.M.M.I. vous aperçoit, la fuite sera votre seule option. En cas de capture, vous aurez une dernière chance de survivre en le contrant au bon moment mais ce n’est pas une mince affaire et le game over vous attend. Sauvegardez régulièrement dans les salles prévues à cet effet pour éviter les mauvaises surprises. Les E.M.M.I. que vous rencontrerez seront de plus en plus sophistiqués et de plus en plus difficiles à éviter. Le sentiment d’être traqué est bien retranscrit. Les zones E.M.M.I. ont une ambiance visuelle et auditive particulière. Les vibrations HD des Joy-Con accentuent ce climat pesant en s’amplifiant quand le prédateur approche.

Quoi que vous fassiez, affronter un E.M.M.I. vous sera fatal.

Généreux mais pas trop

Comptez environ 10 heures pour finir le scénario sans vous presser et 20 heures pour finir votre partie à 100 %. Si vous êtes un peu plus doué que nous, le 100 % est atteignable plus rapidement. Cependant, nous ne sommes pas certains que cela en vaille vraiment la peine. Récupérer les derniers objets peut vite s’avérer laborieux pour une bien maigre récompense. En fonction de la vitesse à laquelle vous terminerez la quête principale, vous pourrez débloquer des illustrations bonus à admirer dans votre galerie photo. Ce seront les seuls bonus de fin.

En terme de rejouabilité, un mode Terreur est disponible si vous terminez le mode Difficile avec succès. Sachez que les bonus de fin varieront en fonction du temps que vous mettrez pour terminer votre partie et en fonction de la difficulté choisie. Un mode boss en série est aussi disponible si vous aimez souffrir. Si vous arrivez au bout de ce dernier, le mode Survie en série sera accessible ainsi que le mode Terreur en série pour les plus courageux qui seront venus à bout du mode Terreur. Le tout est destiné aux joueurs en quête de difficulté, pour les autres, il n’y aura plus grand-chose à se mettre sous la dent.

Les amiibo de la série Metroid vous permettront d’augmenter votre barre de vie et votre réserve de missile.

Si l’on devait résumer Metroid Dread, nous commencerions par dire qu’il est un parfait représentant des Metroidvania et apporte un vent de fraîcheur au milieu de tout les jeux 3D proposés par Nintendo. Loin d’être un simple jeu bon à nous faire patienter jusqu’à la sortie de Metroid Prime 4, il échoue de peu à être un incontournable de la Switch, notamment à cause de sa rejouabilité limitée.

Points forts : la fluidité et le gameplay agréable en combat, la difficulté du mode normal parfaitement ajustée, la sensation de traque avec les E.M.M.I., l’alternance entre phases d’explorations, combats et phases d’infiltrations, mise en scène des combats très flatteuse…

Points faibles : … mais peu intuitive pour le joueur, musiques d’ambiance trop discrètes, manque d’indication par moment pouvant perdre les joueurs, rejouabilité limitée sauf pour les joueurs en quête de difficulté supplémentaire.

Nous attribuons donc la note de 17/20 à Metroid Dread pour son gameplay agréable et plaisant, ses ambiances soignées et ses phases d’infiltration très immersives. Nous regretterons surtout une rejouabilité limitée pour un jeu qui aurait pu en offrir plus pour continuer un peu l’aventure. Si Metroid Dread ne sera pas un incontournable de la Nintendo Switch pour le grand public, Big N nous montre ici tout son savoir-faire dans un jeu qui se veut parfaitement réalisé avec une maîtrise digne du géant japonais. Avec cet opus, Nintendo donne un coup de projecteur sur la licence Metroid en attendant le fameux Metroid Prime 4. Cependant, nous aurions tord de croire que Metroid Dread nous sert juste d’amuse-bouche avant le plat principal. Il nous offre une expérience de haute volée qui nous donne envie de plonger dans la saga Metroid plus que dans les jeux Metroid Prime. Adepte de la licence ou néophyte, nous ne pouvons que vous le conseiller.

Metroid Dread : déjà disponible.

Consoles : Nintendo Switch et Nintendo Switch Lite.

La3ds