Bonjour;
2020 a été une année étrange à plus d’un titre. La pandémie de coronavirus qui touche actuellement le monde a chamboulé l’industrie, et parfois, nos vies. La sphère vidéoludique n’a pas été épargnée par cette triste réalité. Une réalité que chacun, à son échelle, doit contribuer à rendre meilleure. En tant que consommateurs, nous devons acheter de façon raisonnée et réfléchie. Nous devons aussi prendre en compte les différentes contraintes d’un milieu professionnel pour savoir ce que l’on peut en attendre. Il y a une multitude de facteurs qui font que tel produit coûtera tel prix et que tel service prendra un certains temps. Dans le jeu vidéo, il y a un facteur qui a été oublié depuis de nombreuses années: le facteur humain. En un sens, 2020 n’a pas été si catastrophique que cela: de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer ce que beaucoup tolérait depuis trop longtemps. Si ces problèmes de management et de pression financière ne s’arrêteront pas cette année, les joueurs ne peuvent plus les ignorer et doivent adapter leurs comportements pour ne pas faire empirer la situation.
Initialement nommé « Gods & Monsters« , la dernière production d’Ubisoft a opté pour un titre plus tape-à-l’œil et, soyons honnête, très cheap. Immortals Fenyx Rising est donc la nouvelle licence de l’éditeur français. Le développement a été confié à Ubisoft Québec qui pioche allègrement dans les mécaniques de jeu des derniers Assassin’s Creed. Pourtant, c’est bien du côté de The Legend of Zelda: Breath of the Wild que l’on trouve le plus de similitudes. Mais à s’approcher trop près des meilleurs, Immortals Fenyx Rising ne s’est-il pas brûlé les ailes?
Et c’est un fait: le dernier né d’Ubisoft souffre de la comparaison avec Breath of the Wild. Mais si cette comparaison met en évidence les défauts du titre, elle permet aussi de mettre en avant ses qualités; et bien que l’on pourrait qualifier Immortals Fenyx Rising de « Botw-like » , le jeu est loin d’être une mauvaise surprise…
A peine l’écran titre passé, nous devons patienter quelques instants pour que le jeu vérifie si nous possédons les DLCs disponibles à l’achat. Malgré le fait que nous n’en ayons acheté aucun, l’opération s’effectue à chaque démarrage du logiciel. Cette vérification n’est pas très longue mais elle nous donne un sentiment d’incitation à l’achat sur un produit qui est censé se suffire à lui-même. Un premier contact peu convaincant donc. Le jeu se lance sur une cinématique mettant en scène le titan Typhon, le principal antagoniste de l’histoire. Ce dernier nous explique que les dieux de l’Olympe sont loin d’être des anges avant de tenter de justifier ses actes. Vient ensuite une mise en contexte: Typhon s’est libéré et a lâché une horde de créature maléfique pétrifiant les humains et mettant les dieux de la mythologie grecque sur la touche. Seuls Zeus et Prométhée s’en sortent indemnes. Les deux êtres divins font donc un pari sur Fenyx: un humain ayant survécu à un naufrage. Notre objectif est donc de battre Typhon et restaurer la toute puissance des dieux déchus sous les traits d’un aventurier entièrement personnalisable (genre, cheveux, etc…). Nous suivons donc notre périple à travers le récit conté par Prométhée qui tente de montrer l’héroïsme de nos actes face à un Zeus incrédule et désinvolte. La première chose qui nous a frappé est le jeu des acteurs de doublage. Que ce soit dans la version française ou anglaise, les répliques sont surjouées. L’humour qui pouvait prêter à sourire semble alors très lourd et peu pertinent. A défaut de faire mouche, les dialogues mettent en évidence la vanité des résidents de la Halle des dieux. Cette approche évite ce sentiment d’abandon que l’on peut ressentir dans The Legend of Zelda: Breath of the Wild. Zeus et Prométhée suivent notre aventure de bout en bout et donnent parfois quelques indices sur des énigmes en plus de contextualiser les monstres et personnages rencontrés.
L’aspect caricatural des personnages permet de donner en partie raison à Typhon et de nuancer la frontière entre gentils et méchants. Malgré cette approche peu favorable aux dieux, on comprend vite que le principal antagoniste de l’histoire est loin de vouloir arranger les choses. En parlant d’histoire, le scénario est calqué sur celui de Breath of the Wild. En soit, ce n’est pas une mauvaise chose, mais la structure narrative reprenant quatre créatures divines / divinités à libérer avant d’aller affronter le grand méchant saute aux yeux. Néanmoins, le scénario d’Immortals Fenyx Rising est plus présent et beaucoup de quêtes annexes bénéficient de vraies scénarisations. La richesse de la mythologie grecque y est pour beaucoup. Le jeu comporte de nombreuses cinématiques où les animations faciales semblent étonnement dépassées. On notera aussi que certaines de ses animations brillent par leurs inutilités que ce soit d’un point de vue scénaristique ou du gameplay. Le prologue est assez long mais indispensable et agréable. Par ailleurs, il faudra attendre la fin de cette mise en bouche pour pouvoir contempler pleinement le monde ouvert qui s’offre à vous.
Puisqu’il est question de monde ouvert, il est assez beau et révèle un tout autre visage quand la brume se dissipe. Petit mais fourni, ce décors prend le contre-pied de ce que proposait Breath of the Wild. Les vastes étendues, parfois un peu vides, laissent places à des zones plus réduites mais beaucoup plus riches en monuments et détails. La gestion de la météo est abandonnée au profit de terrains aux climats spécifiques; et il est impossible d’aller affronter le boss final dès le début du jeu. Un parti-pris réussi qui permet non seulement au jeu de se démarquer de la référence de Nintendo, mais aussi d’offrir une cohérence scénaristique appréciable. Le maître-mot de ce monde est l’exploration, notre curiosité est bien souvent récompensée et les reliefs du jeu cachent très bien les restrictions imposées par le scénario; ce qui nous donne une impression de liberté tout en nous guidant de façon discrète. On regrettera un certain manque de poésie dans la direction artistique qui ressemble à celle du jeu de Big N tout en étant très générique.
Sans être aussi aboutie que les dernières productions de Nintendo, cette direction artistique efface une bonne partie des limites graphiques de la Nintendo Switch. Rappelons que le jeu est disponible sur PC, Xbox One, PS4 mais aussi sur les consoles de neuvième génération comme la Nintendo Switch et surtout les Xbox Series X/S et la Playstation 5. Il y a donc un réel effort de la part d’Ubisoft pour optimiser le jeu sur chaque plateforme. Car oui, les graphismes sur Switch sont bons, notamment en mode portable, et les temps de chargement sont contenus. Etrangement, on notera quelques ralentissements dans certaines cryptes mais pas dans le monde ouvert. Dans tout les cas, rien de bien méchant et nous n’avons pas rencontré de baisse de la fréquence d’images par seconde plus importante que sur le monde ouvert arpenté par Link.
A l’instar de Breath of the Wild (encore), le monde d’Immortals Fenyx Rising est parsemé de donjons ici appelés « Cryptes du Tartare » . Chaque crypte vous propose des énigmes ou des combats voire les deux en même temps. Certains défis demanderont un timing exigeant qui dénote avec le reste du jeu. L’objectif est de venir à bout des épreuves de chaque crypte afin de fermer ses portails vers les Enfers et de récupérer des « Eclairs de Zeus » qui vous seront bien utiles pour améliorer votre endurance. Pour ce qui est de la vie, faîtes confiance à l’ambroisie! Les autres objets récoltés serviront de monnaie d’échange pour améliorer vos armes ou obtenir de nouveaux équipements. Pour vous aider dans vos tâches, vous aurez accès aux « Pouvoirs divins » évoquant parfois des capacités de la tablette Sheikah que possède Link. Si les trois premiers se débloquent en suivant la quête principale, les autres sont accessibles moyennant quelques pierres précieuses dans l’arbre de compétences, dommage…
Cet arbre de compétences est assez simple et témoigne d’un gameplay accessible. Nul besoin de se casser la tête pour trouver son style de combat, les différentes attaques et contres sont faciles à prendre en main. Le revers de la médaille est un manque de profondeur qui se ressent en combat face à des ennemis variés. Etant adeptes des attaques fourbes et discrètes, nous nous sommes vite rendu compte que le jeu mettait en place quelques systèmes, souvent peu subtiles, pour nous obliger à affronter certains ennemis en face. Ne comptez pas sur les attaques à distances pour venir à bout d’un boss par exemple. Que les moins à l’aise mannette en main se rassurent, il existe plusieurs niveaux de difficultés allant du mode « Histoire » qui correspond au niveau très facile au mode « Cauchemar » qui vous demandera une dextérité certaine face à des ennemis récurrents. En mode normal, on ne rencontre pas de difficultés particulières mais il est possible de se faire quelques frayeurs si on ne reste pas sur ses gardes. On peut aisément se faire la main sur les pauvres bêtes que vous rencontrerez et qui ne sont pas forcément hostiles. L’IA est étonnamment réaliste et parait presque trop intelligente pour certains monstres. L’immersion en est grandement renforcée. Peu importe le niveau de difficulté, les commandes ne sont pas agréables avec les Joycon en mode portable. Notre pouce vient souvent heurter le joystick droit quand nous voulons utiliser les boutons X ou Y. Rien de rédhibitoire mais on a vu mieux en terme de répartition des commandes… notamment sur Breath of the Wild.
En dehors des combats et de l’exploration, Immortals Fenyx Rising ne cherche pas à proposer des petites occupations comme la préparations de plats, la collection de chevaux, les espaces où dormir, etc… Cela trahit une ambition moindre que le jeu auquel on le compare si souvent. Dernier point à noter, sachez que Typhon fera en sorte que vous n’ayez jamais l’esprit totalement tranquille quand vous vous promènerez sur la carte. La « rage de Typhon » , qui interviendra fréquemment dans la nuit, enverra à vos trousses les spectres d’héros de la mythologie grecque plutôt coriaces. Cela reprend le principe la Lune de sang dans Breath of the Wild mais en plus inquiétant.
Points forts: monde ouvert riche, approche scénaristique intéressante, bien optimisé pour la Switch.
Points faibles: commandes peu agréables en mode portable avec les Joycon, manque de poésie dans la direction artistique.
Trop proche sans en être à la hauteur, Immortals Fenyx Rising ne parvient pas à combler le vide qui le sépare de Breath of the Wild. Au final, il souffre réellement de cette comparaison avec le jeu de Nintendo. Il reste un jeu qui se veut plaisant, bien pensé et addictif. Bien que plus petit que la moyenne, le monde ouvert proposé par Ubisoft regorge de vie et de petits secrets en tout genre qui donne l’impression d’étendues plus vastes que la réalité. Comptez 25 heures pour finir la quête principale sans trainer et bien plus si vous prenez le temps d’explorer et de faire les quêtes secondaires. On apprécie incarner Fenyx et découvrir les différentes régions de ce monde. Certes moins ambitieuse que beaucoup de ses rivaux, cette nouvelle licence pourrait bien s’imposer comme un nouveau classique. Nous lui attribuons donc la note de 16/20 pour son monde ouvert riche, ses combats intéressants et ses énigmes variées.
Immortals Fenyx Rising: déjà disponible.
Consoles: Nintendo Switch et Nintendo Switch Lite.
C’est avec cet article que nous vous souhaitons un joyeux Noël et de merveilleuses fêtes de fin d’année. 😉
La3ds
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